Les Açores

La traversée Guadeloupe Florès

Dernier bain à Rivière Sens, derniers mails, fichiers météos des Antilles, et ceux ci nous paraissant sympas, nous décidons de quitter la Guadeloupe le 6 mai 2017.

Nous sommes au près bon plein pendant les 3 premiers jours sous pilote automatique depuis que le bateau a été équipé d’un nouveau panneau solaire qui assure le chargement des batteries, en route directe, que demander de mieux. Torpen n’est pas d’accord avec nous le pauvre, une vraie carpette, 3 jours c’est long, puis le vent s’oriente au SE plus sympa, c’est à dire au portant, la mer se calme, et les poissons volants lui font oublier ces derniers jours. Le 12 Mai c’est l’anniversaire du bosco, planteur et repas amélioré pour fêter l’évènement et le captain a pensé à offrir une paire de créoles pour la circonstance. Les fichiers météos que nous recevons par le téléphone satellite nous indiquent les directions et force des vents. Nous les prenons tous les 3 jours pour 5 jours environ et ils nous annoncent une assez bonne météo, hors mis une dépression un peu plus forte à l’approche des Açores. Au passage du front, nous sommes sous pilote automatique, le vent arrière est assez fort et tourne d’un coup sous des rafales de 30 à 40 nœuds nous faisant empanner. La voile prend à contre, mais la bôme est assurée par un retenue qui va plier 2 chandeliers et exploser une poulie. Le jour suivant nous nous apercevrons qu’une barre de flèche s’est un peu affaissée. Plus de peur que de mal et le vent se calmant un peu, nous reprenons notre train train habituel. Nous sommes un peu étonnés, car nous rencontrons peu d’oiseaux marins lors de cette traversée.

Nous aurons du vent, tout au long, et en route directe, on dirait que le Kan er Mor sent l’Europe, il galope, galope toujours sous pilote automatique et nous voyons l’île de Flores vers 16 heures T.U. le 24 Mai. Nous rentrons dans le port de Lages où il y a une marina vers 22 heures, au son des Cagarros ( puffin cendré) une espèce qu’on ne trouve qu’aux Açores et en Afrique vers où ils migrent l’hiver, qui viennent sur les falaises des Açores la nuit et retournent en mer la journée. Nous trouvons leur chant très accueillant.

Les Açores, ont un statut politico administratif autonome, de la république du Portugal. 245000 habitants  sur 9 îles dont un peu moins de 4000 à Florès.

Ces îles ont été peuplées au départ par des Hollandais, des colons flamands, puis une centaine d’huguenots français après la révocation de l’édit de Nantes.

L’île de Flores (fleurs) que nous apercevons le 24 mai au soir, porte bien son nom. Très verte, vent, pluie, on se sent déjà chez nous, en plus chaud. Il fait 2O° dans le bateau. Elle est la plus à l’Ouest de l’archipel et un peu isolée avec Corvo minuscule, à 200 kilomètres de Faïal.

Les formalités sont très simples. Chose qui nous paraît invraisemblable, l’employé du port de Lages, qui fait le boulot du port de commerce et de la marina, ne nous fait pas payer d’avance : on verra cela à votre sortie, confiant ? Non ? Nous avons décidés de rester un mois, dans cette île qui nous avait beaucoup marqué en 1982 lors de notre précédent passage

Bien entendu, elle a bien changée, Il y a des cultivateurs, quelques rares pêcheurs, et des fonctionnaires. Le cargo ravitaille l’île 2 fois par mois. Ici, c’est difficile de dépenser de l’argent, il n’y a pas grand chose à acheter. Nous voyons bien de beaux jardins avec des salades, des tomates, une basse cour, mais au supermercado, que nenni… Pour avoir de la viande, c’est un peu compliqué pour nous. Il faudrait commander, puis quelques jours après prendre livraison. Aujourd’hui, le cargo est arrivé, nous allons aller au supermercado, dans la soirée, car les fraises d’il y a 15 jours étaient super bonnes et à 3,49 € le kilo ! Faut pas se priver.

Les gens sont charmants, une île en dehors du temps. Au port, les bateaux locaux sont sur terre plein. Il y a 2 grues et chacun met et sort son bateau de l’eau. Pas de dégradation, on croit rêver. Il est certain que chez nous cela paraîtrait difficile. Nous aurions aimé manger du poisson. En principe, il y a une coopérative de pêche, où, sont marquées les heures d’ouverture, mais depuis un mois, elle n’a jamais ouvert. En fait, il semblerait que les pêcheurs, préfèrent faire du troc. Un poisson contre du rhum, du pâté. On les comprend un peu, le prix du panier de la ménagère n’est pas cher, mais il n’y a pas une grande variété de choses à acheter.

 

 

Faja lopo vaz

Faja, un nom qui revient souvent dans les villages désigne un plateau formé par les chutes de pierres des falaises volcaniques, donc assez bas et bénéficiant souvent d’un micro climat à l’abri des falaises.

Le temps est changeant, et dès qu’il fait beau, faut y aller. Les transports en commun sont liés aux scolaires, et ne circulent pas le week end, mais la marche ne nous fait pas peur . Par contre ici, pas question de se rafraîchir par un bain en arrivant à la cascade, brrr, l’eau est glacée !!! Les paysages sont grandioses. Les pâturages sont nombreux et il y a peu de troupeaux, nous nous disons qu’il pourrait y en avoir plus, mais après tout, si cela leur suffit. N’ont-ils pas raison ?

Tout près de Lages, il y a une petite ballade à pied : Faja lopo vaz. Nous nous décidons malgré le temps incertain. Comme c’est l’habitude, en rencontrant des gens, nous disons Bom dia, le matin, Boa tarde à partir de midi.

On se sent un peu comme chez nous, la température, la mer, le crachin ( sur les hauteurs). Sauf qu’ici c’est une île volcanique, et les hauteurs, plus hautes que nos monts d’Arrée. Le chemin commence par une petite route, mais peu gênant car les voitures sont peu nombreuses, toujours un signe du conducteur. Pas très long, la rando, petit crachin 3 km 800 de Lages. Nous arrivons en haut de la falaise, 3 km 8OO. OH ! Oh ! Et 2 heures en plus. Bon on verra bien. Très facile, nous descendons vers la mer par un petit chemin pédestre assez escarpé et arrivons près d’une maisonnette, bien isolée. Faut pas oublier la boîte d’allumettes… un champ de bananier, quelques bovins dans les prés entourés de pierres, mais pas âme qui vive. Du bois flotté en pagaille sur la grève. JM me regarde : non non, rassures toi, je n’en prendrai pas, sinon bonjour le portage. Comme ici, il ne gèle pas, les fleurs annuelles sont vivaces, petit crachin pour le retour.

Faja lopo vaz

Faja lopo vaz

Le sentier de Faja lopo vaz

Le sentier de Faja lopo vaz

 

Une marche nous conduit du port vers les Caldeiras (lac de cratère) de Lomba et Rasa distants de 5 km. Un peu de nuage en arrivant près des lacs qui environnent les collines au vent, mais les lacs sont magnifiques, aussi nous prenons quelques photos et continuons un peu la route. En l’espace de quelques minutes, nous entrons dans le brouillard, ou plutôt l’inverse. Les lacs disparaissent dans la brume et la pluie commence à tomber. Nous mettons alors nos capes et retour sous la pluie qui ne nous quittera qu’à l’arrivée au port.

Caldeira Fonda

Caldeira Fonda

Caldeira Rasa au début des nuages

Caldeira Rasa au début des nuages

 

La côte Ouest est complètement différente de la côte Sud, mais comme nous dit une habitante de l’île , aucun endroit n’est moche dans cette île.

La ballade suivante partait de Lajedo pour aller à Fajà grande, seulement un pont s’est effondré et le nouveau chemin est trop long pour atteindre Faja grande, aussi nous montons dans le car à Mosteiro.

Lajedo 47 habitants, une grande église ! Le plus petit hameau, village a son église. La religion est importante aux Açores. L’esprit Saint (espiritu santo) est très présent. L’autre jour, nous avons vu une jeune fille avec la couronne de l’esprit saint, qui faisait la quête au café du port. Les personnes donnent une pièce puis embrassent la couronne de l’esprit saint. Le week end suivant, procession sous la pluie et messe catholique ponctue la semaine. Dans chaque village, maison de l’esprit saint et église sont l’une à côté de l’autre. A la fin de la cérémonie, fête et repas sous chapiteau. Cela nous rappelle des souvenirs des sardinhadas, , lors de notre précédent séjour, il y a … avec les navigateurs de l’abri de Santa Cruz, capitale de l’île. José Augusto n’est plus et Adélia, comme nous, a bien vieilli. Souvenirs, souvenirs.

Nous parcourons un sentier empierré,en bas de Lajedo, Il faut bien regarder où on met les pieds, car les troupeaux de vaches passent par là et elles laissent des souvenirs, si vous voyez ce que je veux dire.C ‘est très vert, l’eau est partout, ruisseaux, cascades, les fleurs sont nombreuses, les fougères aussi, orangers, bananiers. Les hortensias sont en boutons.

  Nous reprenons le mini-bus pour continuer cette côte ouest, quelques jours plus tard. Toujours aussi beau de Fajazinha à Faja Grande, le paysage ressemble au bocage breton, avant le remembrement , mais ce sont les haies d’hortensia qui bordent, les routes, les champs, les rivières qui sont magnifiques car depuis quelques jours nous ne nous lassons pas d’admirer leur floraison … nous rencontrons peu de marcheurs.

Nous louons une voiture pour aller à Ponta Delgada, Santa Cruz, et les lacs du centre, car pas de cars pour nous approcher du sentier pédestre. Santa Cruz a bien changé depuis notre précédent passage il y a 36 ans. Nous revoyons le port en plein travaux et Adélia qui habite toujours là.  Nous avons pu faire les vrais touristes … les paysages sont grandioses, et les miradouros ne manquent pas, très bien indiqués, les vues impressionnantes, hélas sur le chemin du retour, les nuages étaient trop bas et nous n’avons pas vu les lacs des cratères au centre de l’île.

Nous désirons faire la dernière randonnée de Faja Grande à Ponta Delgada, 13 kms, mais pas de transports nous permettant de nous mener au point de départ. Cependant, depuis notre arrivée, nous avions remarqué, un monsieur, qui venait offrir un bouquet de menthe aux autres bateaux, allemands pour la plupart. Il était d’ailleurs souvent à la marina, amenant des sacs aux navigateurs, partant avec eux. ??? Et Hier, j’ai eu le droit à mon bouquet de menthe. Je me suis payée le culot de lui demander ce qu’il faisait sur les pontons. Eh bien c’est l’homme providentiel : il est là pour essayer de satisfaire nos demandes, moyennant finance bien sûr, mais tellement sympathique. Il vit là depuis 12 ans.

Nous profitons de ses services pour nous amener à Ponta Delgada, pour faire cette fameuse promenade, difficile selon les dépliants de l’office du tourisme…, à éviter pour les personnes sujettes au vertige. Il était à l’heure, mais comme chauffeur… Les routes de montagnes sont sinueuses, les interdictions de doubler fréquentes. On peut dire que ces dernières ne le dérangeaient pas. Il n’en tient pas du tout compte, roule à gauche dans les virages, nous parle, se retourne pour me regarder,franchit la ligne blanche. Ne sourcille pas quand JM lui dit en riant, qu’il est à la place du mort. Heureusement qu’il y a peu de voiture, et le paysage à admirer.

Il nous amène au phare le plus à l’ouest de l’Europe, en face de l’île de Corvo, le phare d’ Alvaraz . Nous nous promenons autour, il y a des habitants car des poules nous accueillent, nous voyons d’ailleurs le gardien qui cache les lentilles avec des rideaux. Le soleil est de la partie, mais des grains se montrent à l’horizon et nous montons vers le chemin. Que de pâturages, et si peu de troupeaux. Nous traversons à gué plusieurs ruisseaux, de l’eau partout suinte, le chemin est très bien balisé, les points de vue annoncés. Nous n’en manquerons pas, il faut dire que la variété des paysages est là. La variété des fleurs aussi, En haut des caldeiras, il y a des mousses, des bruyères du Portugal, malmenés par le vent. Plus on descend, plus on rencontre des fougères, des arbres, nous pensons que les haies de conifères ont été plantés pour protéger des vents, . Nous trouvons des ruines , des villages abandonnés, dans des endroits qui nous paraissent bien hostiles, mais toujours près d’un point d’eau. Nous nous approchons des cascades de Faja grande, dont l’une se jette dans un petit lac suivi d’un torrent. Sur celui ci, pas moins de 5 moulins à eau ont fonctionné, nous admirons ces paysages grandioses où les verts ont une intensité complètement différente des autres paysages que nous avons connus . Nous nous exclamons sans arrêt : que c’est beau, que c’est beau.

Après un mois passé à Florès, nous mettons le cap sur São Jorge dans les îles du centre de l’archipel avec un petit pincement au coeur.

 

 

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