Nouvelles antillaises

Le temps passe vite sous les tropiques. La saison cyclonique s’est passée en grande partie pour le bateau, à la marina de rivière Sens et dans les environs ( les Saintes, Malendure, îlet pigeon, Deshayes ) dans des bonnes conditions : un peu de pluie et de chaleur, mais pas de gros problèmes météorologiques. Quand Matthew a passé ici ce n’était encore qu’une petite dépression qui s’est enflée au large de la Colombie au stade de cyclone et a ravagé ensuite Haïti et la Floride. Nous profitons aussi d’une voiture louée à une famille de navigateurs descendus vers Grenade pour écumer tous les sentiers et traces environnantes. Nos mollets n’ont plus rien après ça à envier à ceux des sherpas avec en plus des piqûres de moustiques, de mouches cafés, de fourmis volantes, etc… qui s’en donnent à coeur joie pendant la saison cyclonique, appelée ici l’hiver. Le zika ne nous a pas épargné, mais sans grands effets, juste quelques petits boutons avec les articulations rouillées et un poil de fièvre pendant 2 à 3 jours.

Fin janvier, ici débute la période du carême qui doit emmener au carnaval auquel nous assisterons en Martinique.

Nous recevons notre fils et petit fils en Martinique, l’occasion de découvrir un peu plus l’île où nous avions fait 2 courtes escales.

Tout d’abord Fort-de-France qui malgré un mouillage devant le fort Saint Louis secoué par les navettes de la baie en cours de journée a l’avantage d’être situé au coeur de la ville, puis beaucoup plus paisible le mouillage des 3 îlets et la pointe du Bout, l’anse noire, les anses d’Arlet, Ste Anne et la marina du Marin.( Une petite pensée pour Véronique, qui nous a facilité ce séjour en Martinique.)

Les fonds marins sont très beaux, beaucoup de coraux, des poissons de toutes les formes et couleurs : chirurgien, cardinals, poissons trompettes, chevaliers, papillons, demoiselles, sergents majors, perroquets … Sans oublier les tortues fréquemment rencontrées et une magnifique raie ange de mer.

Nos deux hôtes Youen et Emeric s’en donnent à coeur joie dans cette eau turquoise entre 27 et 29°.

 

 

Mi-février, c’est le carnaval et 3 jours de liesse et de percussions. Ca commence calme avec le Bradjack défilé de gens déguisés souvent dans des voitures « tunées » pétaradant à qui mieux mieux dans les rues de la ville le premier soir, puis le jour suivant, le dimanche, la présentation de Vaval, sculpture en papier de 5 mètres de haut destiné à être brûlé le dernier jour, le défilé des groupes au son des musiques hurlées des hauts parleurs dans les chars et d’une multitude de groupe de percussions avec tambours, maracas, frappe sur des bambous, trombones. Les déguisements sont très variés et colorés et d’une bonne préparation, et faisant souvent appel à la culture locale : vêtements en forme d’ananas, feuilles de palmier, terre ocre, diables rouges, nègre marron, costume indien… Ca commence vers les 3 heures et se termine tard le soir dans une anarchie complète, les groupes se croisent, se suivent, prennent des chemins différents suivis par une troupe plus ou moins nombreuse de carnavaliers déguisés trépignant aux rythmes des percussionnistes.

Le lundi, rebelote, mais avec un thème : les mariés, avec beaucoup de mariages gays et burlesques, toujours en musique.

Le Mardi gras, c’est la sortie des diables rouges toujours avec de multiples groupes et de chars. La couleur tant des spectateurs que des groupes est le rouge et noir.

Le mercredi des Cendres, dernier jour, toujours les défilés des groupes et des chars dans les rues de la ville, mais changement de couleur, ce sont le blanc et noir couleurs du deuil.

Nous rencontrons à cette occasion nos cousins Bruno et Marlène qui sont en vacances ici, où plutôt Bruno nous rejoint à la nage au mouillage, ah ! ce téléphone ! Le soir, nous attendons vainement le feu de joie de Vaval sur la plage de la Française en face du mouillage, nous apprendrons le lendemain qu’il a été brûlé à la pointe Simon un peu plus loin… ce sont les Antilles, l’information a parfois du mal à passer.

Nous revenons vers la Guadeloupe après un passage à Marie galante, qui vient du nom du navire amiral de Christophe Colomb ( Maria galanda) , où nous étrennons la conduite d’un scooter pour faire le tour de l’île, la grande galette comme l’appellent les Antillais est une île très calme avec de belles plages de sable blanc, on a bien aimé, beaucoup moins touristique que ses voisines, les Saintes.. L’île a eu son heure de gloire avec ses 1O5 moulins à vent (ailes) et enfin à vapeur : trois siècles d’histoire sucrière de la Guadeloupe.

Nous ferons quelques balades, le sentier de Murat avec la visite de l’habitation Murat et son éco musée. Une coutume a d’ailleurs retenu mon attention: lorsqu’on offrait une poupée à une petite fille, la maman demandait au curé de baptiser cette poupée qui choisissait un parrain, une marraine, et offrait un goûter à ses invités, coutume qui a perduré jusqu’en 1970.

Sur notre scooter, les cheveux au vent ! (c’est une image, nous avions un casque) et la cape de pluie à portée de main, nous parcourons l’intérieur de l’île, et constatons qu’il y a de petits troupeaux très propres ( vaches, tourillons, taureaux, chèvres,) au milieu de champs de canne. Il reste 3 rhumeries sur l’île, Poisson ( Père Labat), Bellevue et Bielle. En métropole, seul le rhum à 50°est autorisé à la vente, ici par dérogation, le rhum va de 50° à 65°… La production de l’ensemble des îles de Guadeloupe est consommée pour moitié sur place. Comme au Brésil, la canne est plantée pour 5 ans, puis elle repousse, on la recoupe, etc…

Mais il faut songer au retour et la coque du bateau est bien sale, donc retour au carénage à Pointe à pitre pour refaire une beauté à notre voilier puis c’est la préparation à marina Sens pour le retour vers les Açores, courant Mai en fonction de la météo : conserves, matelotage, peinture pont, révision du génois …

Pour nos lecteurs navigateurs, la clearance est à faire entre les îles des Antilles françaises, dixit les douaniers de Marie Galante, parce que nous traversons les eaux internationales.

Nous retrouvons nos connaissances à la plage, jouxtant la marina. La Basse terre restera notre coin des Antilles où nous aurons passé de très bons moments.

Le soleil, la pluie, les bains, c’est un pays de rêve. Les gwadas ne le perçoivent pas. Ils sont assez pessimistes. Quand on leur demande comment cela va, ils répondent ça va si dieu le veut, on fait aller…

Les médias plombent leur moral avec les risques sismiques ( il y a eu d’ailleurs cette nuit, une secousse de niveau 5 à Antigua et au nord de la Guadeloupe) les cyclones et le problème de la chlordécone, le pesticide qui a laissé une pollution pour longtemps, au niveau de la terre, de la mer est, plus que présent, dans leur vie.

Malgré ces soucis, le sourire est toujours là, et on mange les légumes de Samuel, qui mûrissent sous le soleil, au goût incomparable.

Le charmant sourire de Fanny, au marché de Basse Terre qui vend sa production de bijoux.

Une couleur locale sur les marchés antillais sont les épices, qui sont au cœur de la cuisine antillaise héritée de l’Amérique, l’Afrique, l’Inde, l’Europe, mais … mais d’où viennent-elles ?

Quand on s’intéresse aux épices, elles nous font voyager à travers le monde, mais aussi à travers le temps. Les êtres humains les utilisent depuis des millénaires, pour relever le goût des plats, pour se soigner, pour s’embellir. Les égyptiens les utilisaient pour embaumer le corps de leur défunt.

Nombre d’épices ne poussent pas en Europe. La Cannelle, les clous de girofle, le poivre, pour ne citer qu’eux ont traversé le continent asiatique à dos de chameaux, de mulet sur les « routes des épices » A partir du XVème siècle les Européens ne veulent plus dépendre des marchands arabes pour s’approvisionner. Ils décident de chercher de nouvelles routes par la mer. Portugais, Espagnols, Anglais, Hollandais, Français se sont lancés à travers les mers à la conquête des épices, noués des alliances commerciales avec les peuples. Hélas ils ont souvent annexé ces territoires et exploité les habitants pour s’enrichir.

D’où vient l’expression «  payer en espèces » ? Au moyen âge, il arrivait que les soldats reçoivent leur salaire sous forme d’épices. Elles valaient tellement cher qu’elles servaient de monnaie, comme si c’était de l’or.

De « payer en épices » on est ainsi passé à l’expression «  régler en espèces ». Regardez le prix des épices au kilo ! Vous serez surpris.

Aux Antilles, l’arrivée des travailleurs indiens va révolutionner la cuisine antillaise.

Toutefois s’il reste quelques passionnés ( Mme Vanille au parc aquacole à Pigeon près de bouillante, le jardin de Cantamerle, l’arborifruit, près de Goyave en Guadeloupe ) qui cultivent de la vanille, du roucou, muscade, cardamone, cannelle, en petites quantités, le reste vient du continent asiatique, alors les marchés des épices, méfiance.

Une épice que j’aime beaucoup pour préparer un plat, est le marsalé : l0 c. soupe de coriandre, 4 c. à s. poivre noir, 4 c. à s. de cumin, 2 c. à s. moutarde, 4 c. à s. de gousses de cardamone. 2 c. soupe de muscade rapée, 2 c. soupe de girofle en poudre2 c. à s. de cannelle en poudre, 2 c. piments forts, l c. à café de fénugrec.

Faire griller, cumin, coriandre, fénugrec. cardamone décortiquée, moutarde + ajouter le reste. Si on ajoute du curcuma, cela devient du Cari

Poulet massalé : 4 pers. 1 poulet découpé en morceaux, 5 tomates, 3 oignons, 5 gousses d’ail, l C. café curcuma, l c. soupe de masalé, quelques feuilles de caloupilé (facultatif), 2 c. soupe huile, sel, poivre

Dans une cocotte, mettre l’huile, faire dorer le poulet découpé, ajouter l’ail et les oignons hachés, laisser suer 5 minutes, puis ajouter les tomates concassées, les épices. Mouillez de 45 cl d’eau. Mijoter 50 mn. Servir avec du riz blanc.

(je trouve que les feuilles de caloupilé n’apportent rien à ce plat.

Acras de Christophine 4 pers.

2 christophines, 170 g de farine, l c. café levure chimique, 2 œufs, lait, un oignon, 2 c. de ciboulette ciselée, un petit piment ( prudent sur celui-ci) huile de friture, sel

Coupez les christophines en deux, otez leur cœur filandreux, éplucher. Râpez-les.

Dans un saladier, mettre la farine, le levure, les christophines rapées, l’oignon et l’ail rapés, 2 œufs, 2 c. soupe lait,(personnellement, je mets 2 c. à soupe de lait en poudre, car les christophines jettent de l’eau,),le piment rapé, . Mélangez intimement.

Portez l’huile à 160° environ et y déposez-y la préparation par petites cuillérées,les retourner lorsqu’ils sont à peine dorés avant de les mettre sur un papier absorbant, une fois l’autre face dorée.

( On peut faire cette recette avec de la courgette( bien l’égouttez celle-ci rejetant de l’eau) ou de l’aubergine.

Gratin de christophines

Cuire 15 mn les christophines à la vapeur, laissez les égoutter, une nuit au réfrigérateur sur du papier absorbant .

Faire une sauce béchamel à laquelle on ajoute du gruyère rapé, qui devient une sauce mornay.

Beurrer, un plat à gratin, ou des plats individuels, mettre les christophines coupées en lamelles, des lardons frits, la sauce mornay, du gruyère pour le croustillant. 2O-25 mn au four

N’oublions pas les fleurs et arbres aperçus lors de nos ballades sur les traces.

 Un visiteur des fleurs que nous apercevons très souvent de façon furtive lors de nos promenades en forêt, le colibri appelé poétiquement au Brésil béga flores (embrasseur de fleur)

De notre séjour aux Antilles, nous garderons un attachement particulier à la Basse terre.

Transat Retour

Vous pouvez suivre la progression de la traversée du voilier Kan er Mor à partir de la page :
http://tribulations.fr/transatlantique/
Régulièrement, les points GPS seront rajoutés au fur et à mesure de l’avancement du voilier sur une carte.

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5 réflexions au sujet de « Nouvelles antillaises »

  1. nICKY

    Bonjour Jean-Michel et Catherine,
    Aujourd’hui, jeudi 04 mai 2017 nous allons nous revoir sur la plage de Rivières Sens peut-être sans doute pour la dernière fois en Guadeloupe. Toutefois , je tiens à vous remercier de votre gentillesse de votre bienveillance et de votre bonté à mon égard.
    Votre vie de retraitée faite uniquement de voyage d’îles en îles pendant trois années m’a fait prendre conscience que nos rêves peuvent se réaliser si nous nous en donnons les moyens.
    Vous rencontrez, à donc était en ce qui me concerne un véritable enchantement et très formateur, et une des plus belles rencontres gravées à jamais dans mon cœur.
    Gros bisous.
    Nicky

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  2. Nicky

    Bonjour Jean-Michel et Christine,
    Comment s’est passée votre dernière nuit en Guadeloupe ?
    Pas trop triste de quitter notre île ?
    Toutefois, vos voyages en mer continus, vous serez aux Açores, (l’archipel magique) dans trois semaines.
    Et pour les autres îles, Dieu seul le sait ! Quoiqu’il en soit, ce sera j’en suis sûre de belles surprises, n’est-ce pas ?
    Puisque comme je vous l’ai déjà écrit, la vie est belle, et cette dernière est faîte de belles rencontres.
    Alors bon vent !
    A très vite d’avoir de vos nouvelles.
    Gros bisous.
    Nicky

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  3. Denise

    Bonjour Jean-Michel et Christine, heureuse de vos nouvelles depuis ces océans. Vos photos sont superbes et merci pour la vidéo des fonds marins. Que c’est beau 🙂 et j’adore ces grosses tortues. Profitez au maximum de votre périple et je remercie Raymond qui actualise la carte.
    Je vous souhaite une belle continuation dans ce beau voyage.
    Mes amitiés

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  4. Nicky

    Bonjour à vous les amoureux de la nature,

    Je viens de voir vos vidéo elles sont grandioses, le carnaval antillais c’est quelque chose, tous ces costumes tout aussi étincelants les uns que les autres sont majestueux. En ce qui me concerne, j’ai adoré celle de la plongée sous marine. Pour ma part, j’en suis à mon quatrième baptêmes , ces grandes aventures sous mers c’est vraiment la grâce dans toute sa splendeur. Aussi, subséquemment j’envisage une formation dans l’univers marin.
    Bonne continuation et bon vent !
    Je vous embrasse comme je vous apprécie.
    Nicky

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