Après notre traversée Açores-Galice, commencée sans vent et terminée de même, avec 3 jours de portant et 3 jours de près, bien barattés comme d’habitude, nous voici à Ares, petite station balnéaire, où nos enfants ont vécu des vacances affectives , avec Consuelo avec qui ils étaient un peu les rois, beaucoup de souvenirs heureux , un mouillage de rêve, pas de houle. Toutefois, la vie a changé, la crise économique a passé par ici aussi, et les bombas si on les entend encore, ne sont plus aussi nombreuses, vous rendez-vous compte, plus de baptême de la mer, le 15 août, ni de feu d’artifice. Les boutiques chinoises et leurs articles peu chers, mais de très mauvaises qualités, ont remplacé, les » cien-pesetas », d’ailleurs : l’inscription liquidation por cerrado est malheureusement trop souvent affichée, sur les magasins.
Le marché d’El Ferrol que nous aimions tant, a diminué de 2/3, le poisson vient aussi des élevages asiatiques ou autre. Lieu si animé, il y a 15 ans, ce marché a perdu son cachet, sa chaleur. Nous ne nous retrouvons pas dans ce Ferrol d’aujourd’hui.
Nous avons fait quelques marches, aux abords d’Ares, mais les sentiers ne sont pas entretenus. Mais nous nous sentons bien dans cette baie, promenade le long de l’allée piétonnière du bord de mer, animation de fin de saison où nous écoutons le groupe galicien de la ville, eh oui, il a vieilli le pen sonneur… les jours passent, et nous allons remonter doucement jusqu’à Viveiro.
Première escale à Cedeira, où nous achetions les chaussures de JM. Le magasin existe toujours, mais notre ami-vendeur a pris sa retraite, souvenir-souvenir, belles balades, dans les forêts d’Eucalyptus, aux senteurs si agréables.
Bien évidemment nous continuons notre remontée et notre arrêt à Carino, avec l’inévitable ballade vers le Cabo Ortegal. Petite houle, la baie d’Ortigueira est assez ouverte.
Dernière escale, Viveiro. Nous allons à la marina, plus facile pour préparer le retour vers le Golfe du Morbihan. Cette marina est passée dans une gestion privée. Le harbour-master est très sympathique et parle français. Il nous dit que l’été a été assez bizarre, cette année, la navigation difficile, une mer hachée, des vents passant par tous les points cardinaux.
2 supermarchés près du port. La vieille ville très proche a du caractère. La connexion Wifi est difficile, à la marina, nous pouvons recevoir les fichiers grip, pour la météo, mais n’arrivons pas avoir notre courrier. Nous devons aller à la Bibliothèque pour cela. Il n’y a pas à dire, cette connexion internet, nous a posé des problèmes dans beaucoup d’endroits, sauf aux îles du Cap Vert, où nous l’avions pour 8 € par mois et au mouillage….
Une balade, quelques courses, une rencontre avec un couple de navigateurs vieille école, comme nous, constructeur amateur aussi. Que voulez-vous, la « génération de navigateurs presse bouton » gros bateaux, gros sous, nous snobe un peu. Nous sommes d’accord tous les quatre, l’ambiance copains, solidarité marine, n’existe plus et ce qui nous désole beaucoup, c’est que nous sommes tous ou presque de vieux couples sur les bateaux.
La météo est bonne, 4-6 au portant, nous décidons d’avancer notre départ d’un jour, car un flux d’ouest 30 noeuds s’annonce dans 3 à 4 jours, et après vent dans le pif, inexistant. Bon, les jours passent, le golfe de Gascogne n’est pas le golfe du Morbihan , nous avons toujours eu du Nord-Est pour le retour vers la Bretagne, mais il faut bien rentrer, car les coups de vent ne sont pas très sympas par ici. Alors au portant, 2O- 25 nœuds au plus fort, cela va le faire.
J’ai bien une petite appréhension, car je ne l’aime pas trop ce golfe, mais il faut bien rentrer et plus on attendra …
Nous partons vers 9 heures, heure locale, une houle rentre dans la baie, et aux abords du cap…….., il y a du ressac, une mer hachée, on se dit que c’est souvent le cas, et que lorsque nous serons un peu plus au large, cela ira mieux.
JM va faire son journal de bord. Maldonne, alors que nous revenons d’une navigation de 3 ans et que mon captain n’est plus malade depuis longtemps, voilà t’y pas qu’il se sent nauséeux. Moi aussi je suis barbouillée et on ne peut pas dire que cela m’est arrivé souvent. Cela dit, il ne fait pas chaud, c’est humide et depuis que nous sommes en Galice, c’est comme cela. D’ailleurs, JM a remarqué que je n’étais pas de bonne humeur. Cela promet. Le retour en Bretagne va être difficile.
Bon, JM avant notre départ de Guadeloupe a installé un panneau solaire « nouvelle génération ». Très bon investissement, même par temps couvert, cela charge bien les batteries.
Avec l’éolienne, nous sommes au top. Nous allons pouvoir utiliser le pilote. Bien pratique pour les manœuvres.
Le vent est bon, bonne direction, il y a bien la mer qui est chiante. Une mer hachée, des houles qui se coupent. Nous pensons que si le vent reste comme cela, nous avançons entre 6 et 7 nœuds, nous arriverons comme prévu en deux jours à l’entrée du golfe. Nous avons d’ailleurs prévenu le fiston de notre arrivée le mardi soir à St Goustan avec la marée montante.
Nous avons remarqué, qu’il faut ajouter 5 nœuds de vent aux vents annoncés par les fichiers grip, mais là c’est plus, le vent monte, monte 25, 30 nœuds avec des rafales. Je demande à mon captain de prendre un deuxième ris, de diminuer le génois, cette mer forte m’ennuie, nous n’avancerons pas moins vite et c’est plus confortable, surtout que JM n’est pas bien. Pas question de descendre pour faire à manger, une vraie baratte, ce Kan er mor, et si pour moi c’est une habitude de ne pas manger lors de nos traversées , JM lui, le fait, mais là …
Quand il ne fait pas beau, on aime bien être ensemble, ou pas loin l’un de l’autre. Je veille, JM au fond du cockpit, après avoir esquissé un dialogue douloureux avec le fond du seau du bord essaie de se reposer, le pilote barre.
JM se repose, mais son mal de mer est latent. On déguste, il y a des déferlantes, mais on avance. Il faut voir toujours le bon côté des choses.
C’est toujours aussi inconfortable, et on appelle cela navigation de plaisance, me dit JM. Il fait humide, froid. Quelle traversée, nous nous disons que si nous étions au près… je surveille, nous sommes sous pilote automatique, et soudain, vers 18 h. une déferlante plus grosse que les autres nous fait cabaner. Le bateau plante son étrave dans l’eau, se met en travers de la houle, poussé par la vague, le pilote n’ayant pu redresser assez vite la barre, le mât est dans l’eau, le cockpit est à moitié rempli d’eau qui mettra 2 à 3 minutes pour vider. Le kan er mor reprend assez vite sa position normale. Je pousse une exclamation imagée, JM le bas mouillé, le haut sec ? On dit parfois « plus de peur que de mal », mais là à vrai dire, cela s’est passé si vite, que nous n’avons pas eu le temps d’avoir peur. Le capitaine reprend la barre et met le bateau vent ¾ arrière afin d’éviter de se mettre en travers tandis que je descends pour inspecter l’intérieur.
Le pilote ne pilote plus, la pompe hydraulique activée par le pilote qui commande la barre a été immergée dans le cockpit et les appareils électroniques délirent un peu, surtout le compas électronique. Nous sommes à une soixantaine de miles de l’Espagne. En bas c’est le capharnaüm, l’équipet des manilles s’est ouvert, les verres sont dans l’évier, tout ce qui était sur la table à carte est dans la cuisine, et cela est vrai aussi pour les produits de la salle de bain. Mon captain a récupéré l’iPad dans le passavant, les filets maisons sur la filière l’ont arrêté. Ouf ! Et il avait sa housse étanche. L’appareil photo est trempé, l’anémomètre autonome ne fonctionne plus… un de nos plus vieux appareils plastimo. On y était attaché.
On verra plus tard. Il est 18 h 30, nous allons devoir barrer, la lune est descendante, mais on voit les penons.
La nuit est venteuse 25 à 30 noeuds, mais malgré quelques déferlantes en début de nuit bien négociées, R.A.S. après cet épisode. Au petit matin, nous sommes à 130 milles de Belle-Île. Nous en approchons dans un vent qui se rapproche du travers entre 20 et 25 nœuds, mais il n’y a plus ces déferlantes agressives. Quelques cargos, sans route collision, mais il faut toujours une exception, l’un deux change de route, alors qu’il allait nous passer par derrière. Il nous oblige à manoeuvrer, pour changer encore de direction. Incompréhensible.
Pour certains, Belle-Île serait une résurgence de l’Atlandide. Une chose est sûre, l’histoire de sa formation est aussi complexe de celle de son nom : selon la légende, des fées auraient été chassées de la forêt de Brocéliande. Elles versèrent tant de larmes que se créa le golfe du Morbihan… Elles y jetèrent leurs couronnes de fleurs qui donnèrent le jour aux 365 îles du golfe. 3 couronnes s’aventurèrent jusqu’à l’océan pour former Houat, Hoëdic et, la plus belle, celle de la reine des fées : Belle-Île… Ah la Bretagne et ses légendes.
La deuxième nuit, nous avons remonté un peu trop dans l’ouest, bon avec le compas électronique qui délire un peu, c’est pas trop mal. Nous serons à St Goustan ce mardi soir comme prévu, me dit le capitaine. La mer se calme, une belle journée, avant la pluie de la fin de journée. Nous passons la pointe de Kerdonis (est de Belle-île) un peu après midi, embouquons le passage des Béniguets puis l’entrée du golfe du Morbihan.
Un avis de vent frais est annoncé par le C.R.O.S. S. A. d’Etel en fin de journée. Quel plaisir de remonter la rivière d’Auray, où nous avons retrouvé un mouillage. Youen nous attend, Jean Michel se demandait comment le joindre, vu que nous n’avons pas de portable.
Nous sommes accueillis à Lann er Varkez par notre petit fils surexcité et sa maman, qui nous a même préparé un apéritif dînatoire. Elle est pas belle la vie…
Nous sommes depuis une quinzaine de jours au bercail, et c’est un peu difficile de reprendre ses marques.
Quel bilan, que retenir de ces 3 années de voyage sur l’eau autour de l’atlantique ? Tout d’abord la satisfaction d’avoir réalisé un projet envisagé par moi et ma Mie depuis plusieurs années, faire un tour en bateau en début de retraite, avec notre bateau construit de nos mains et mis à l’eau en 1979.
Bien sûr, il y a eu, avant le départ des travaux à réaliser : sabler l’extérieur ,changer des tôles dans les fonds, revoir toute l’électronique, changer les hublots, installer 2 enrouleurs, revoir les voiles, refaire les peintures, installer une barre et un pilote hydraulique, monter une plate forme arrière … Beaucoup de travail et de soucis, mais globalement, nous n’avons pas eu de gros problèmes pendant ce voyage : le vit-de-mulet explosé pendant un empannage à l’arrivée à Mindelo, mais ressoudé sur place, des algues dans le fuel qui nous obligés à rentrer à la voile à Cabédelo au Brésil, un bas hauban cassé, mais nous étions à 3 jours de la Guyane dans un temps maniable où nous l’avons changé et des problèmes électroniques à l’arrivée.
On ne revient jamais le même après un long voyage en bateau. Le chat du bord, a lui aussi trouvé une certaine sérénité, lui qui avait peur de son ombre.
Tout d’abord on apprend à vivre dans un petit espace, à économiser et à se passer de beaucoup de confort qui nous semble si important ici. On côtoie d’autres peuples et d’autres façons de vivre et surtout on rencontre beaucoup de gens très différents dans la plupart des cas très accueillants, des navigateurs bien sûr de toutes nationalités (Canadiens, Suisses, Anglais, Africains du sud, Lithuaniens et Français bien sûr), mais pas seulement qui nous apportent chacun un point de vue, une façon de vivre. Ce peut être Lito qui vit dans une favela, Vito qui nous fait découvrir sa ville Joao Pessoa et l’intérieur de son état, Paraïba, Gaston l’octogénaire de la plage de rivière Sens, Marie et Gustave, Nicky et ses massages californiens … Nos hommes appréciaient bien, surtout Jean Pierre.
Nous découvrons aussi tout au long de notre périple des paysages, des ambiances, des atmosphères (l’aridité du Cap Vert, la bouillonnante activité des Brésiliens, le calme de la baie d’Abra, l’envoûtement de la forêt Guyanaise, le papotage dans l’eau à rivière Sens, les marches dans les traces et les rivières en Guadeloupe, la récolte de graines très colorées, le plaisir d’une belle traversée, un accompagnement de dauphins, un coucher de soleil sur la mer, et aussi la chaleur, car nous avons passé la majeure partie du voyage en zone tropicale.
Un grand merci aussi à Raymond et Monique qui nous ont permis de réaliser tout au long de notre voyage ce blog avec ses montages vidéos en nous accueillant sur leur site et en réalisant les montages vidéos.
Kénavo et bon vent à tous nos lecteurs. Notre prochain projet, mais celui là terrien, le Tro Breizh, mais c’est une autre histoire.
Quelle merveilleuse aventure vous avez fait là , et un ouf de soulagement pour tout ce qui était smartphone et photos ha ha ha .
Bon retour chez les pauvres terriens .
Gros bisous marseillais .
Renée (mamiekéké).
Bonjour Renée,
nous vous remercions pour votre visite sur notre blog. Nous savons qu’il y a des visiteurs qui ne laissent pas de commentaires.
Smartphone ? qu’est-ce que c’est ? Téléphone satellite, Ipad pour la navigation O.K. Skype pour la famille. Nous sommes encore plus pour la déconsommation, après ces trois années sans revenir en france. Juste le strict minimum.
amitiés
Chris et JM
Bienvenue chez vous en Bretagne, merci de nous avoir fait partagé votre périple, les commentaires de vos différentes destinations, les belles photos , nous avons voyagé grâce à vous ( dans un fauteuil ) …. . Au plaisir de vous revoir, et d’entendre les anecdotes de votre voyage; Bisous Marylise et Jeannot.
Salut les GIQ St Hélénois
Eh oui de retour au pays avec pleins de choses à faire, mais on commence à faire le tour des amis. Vous devez avoir aussi beaucoup de choses à nous raconter.
À très bientôt
JM
coucou c’est Yann superbe traversé vous assurez les anciens; on se vois bientôt en pays breizh j’espère je vous ai suivi avec Flo on est rentré aussi arriver à Horta le 25 JUIN et après en Bretagne le 14 JUILLET, on a vu des baleines presque tous les jours les acores sont superbes .j’ai repris le virus c’est vital faut que je navigue bisous à vous et à torpen à très vite KENAVO
Coucou,
Ravis de vous savoir en Bretagne Nord, surtout avec ce qu’il s’est passé en guadeloupe, surtout que nous avons pensé à vous car nous ne savions pas que le retour était prévu. Le retour est vraiment dépaysant pour nous après ces trois années loin des nôtres.
Cabotage pour retrouver nos mouillages préférés en Bretagne, après une toilette du kan er mor.
kénavo
Chris et JM
le retour a terre est une horreur j’espere que vous allez bien bisous du nord