Archives mensuelles : mars 2019

Brésil 2019

Nous voici à nouveau au Brésil, dans la région de Paraïba, où nous avons passé 3 mois (durée légale du visa touristique), il y a 3 ans et demi, lors de notre voyage transatlantique avec notre voilier, le Kan er mor, et rencontré Victorino, avide de nous expliquer et faire connaître son pays.

Vito nous attend à la descente d’avion, des projets plein la tête. Nous sommes à Récife, alors on va visiter la ville, c’est dimanche, il n’y a personne. Il nous fait remarquer les vieilles maisons, nous raconte l’histoire de la ville.

 

Nous prenons la route et bien évidemment, nous passons près d’Olinda, où nous nous arrêtons. Eh ! Elle est belle, nous la connaissons, mais nous découvrons avec lui, une ruelle avec tous ses artistes, artisans.

Dimanche, c’est fermé. On continue notre progression vers Joao Pessoa, en nous arrêtant à Igarassu. Chouette, il y a un jeune homme qui se propose pour la visiter. Cette ville est considérée comme le berceau de la civilisation Euro-Tropicale. L’origine de son nom vient du Tupi ( peuplade indienne) qui veut dire grande pirogue. En 1535, a été édifié les bases de ce qui est considéré comme le plus vieil édifice religieux du Brésil, l’Eglise Sao Cosme et Sao Domiano. En 1537 Duarte Coelho, représentant du roi du Portugal a créé le village, mais les troubles avec les indiens et les colons d’Itamara l’ont poussé à s’éloigner plus au sud.

Le couvent de Sao Antonio a été commencé en 1535 par des franciscains et abrite une belle collection de peintures . Ce couvent accueille actuellement une vingtaine de séminaristes.

Igarassu est une terre agricole : Avocats, canne à sucre, noix de cajou, citrons, papayes, mangues, maïs, cocotiers..

Il reste une rue avec des maisons traditionnelles qui au départ n’avaient pas de numéro, elles étaient donc peintes de couleurs différentes, ce qui permettait de les différencier.

 

On continue vers Joao Pessoa. Vito, nous annonce que nous sommes invités à Condé, petite ville avant Joao Pessoa, chez Francisco, un habitué du Sabadinho (concert gratuit du samedi à Joao Pessoa.) D’ailleurs, le portable sonne et c’est lui qui nous demande à quelle heure nous arrivons.

Nous nous rappelons de Francisco, et faisons connaissance avec sa famille, ils nous chouchoutent, à qui nous fera goûter ceci, cela, arrosé de bière. Je n’aime pas la bière qu’à cela ne tienne, il y a de la Caïpirinha, nous retrouvons aussi Ivanilda et Paul. Nous faisons la connaissance de Bernard, marié à Sévérina Brésilienne, vivants les mois d’hiver ici et le reste au Pays Basque. Nous serons invités plusieurs fois chez eux.

Les Brésiliens sont des gens très accueillants, souriants, et nous retrouvons la musique de leur langue, mais nous sommes surpris, car ils nous disent qu’ils aiment bien nous entendre parler, car nous aussi chantons un peu en parlant…

Dans la semaine, nous avons presque quartier libre. Vito réfléchit beaucoup à nous occuper.

Nous retrouvons Paul le lundi pour revoir la Marina, retrouvons aussi le Sabadinho, de beaucoup moins bonne qualité qu’auparavant, un seul groupe, et sono de moins bonne qualité, mais les amis sont là et nous finissons tous, comme prévu chez Bernard et Severina.

 

Tous les matins nous prenons un bain. Ah ! Que c’est agréable, une eau à 27-28 °. Nous nous acclimatons aux arrondissements, Manaïra, Tambaù ,Bessa, le bus, toujours aussi peu confortable, il faut s’accrocher, car ils démarrent tout de suite, étant payé aux nombres de rotations qu’ils font.

Vito nous appelle souvent pour nous signaler un concert gratuit à l’hôtel Globo, la casa de povo etc. La culture est vraiment importante. Bon, on n’aime pas toujours, car comme d’habitude, c’est le « téléphone arabe «  qui fonctionne et forcément, il y a des ratés, comme avec J.Pierre, qui nous a fait assister à un concert de rap…. pour ceux qui nous connaissent …parfois nous avons l’agréable surprise d’un bon groupe, comme mi-mars avec le départ d’une période chorinho (musique typique) que nous préférons.

Le premier week-end, nous sommes partis sur le littoral sud, avec ses plages, Tambaba et Bella, où frappent les vagues de l’alizé, d’une force incroyable . L’érosion a fait son œuvre, mais nous permet de voir des falaises superbes à Tambaba .

Vito s’est arrangé pour qu’on puisse partir en week-end prolongé pour visiter une région semi-aride.

Partant de Joao Pessoa, nous arrivons vite à cette région, où l’eau est précieuse. Nous commençons par le barrage de Boquero. C’est le fleuve Sao Francisco, l’un des plus importants du Sud du brésil, qui apporte sa contribution d’eau, à ce barrage sur le Paraïba. D’ailleurs avec la rupture du barrage minier de Vale qui a fait engloutir Brumadinho causant 300 morts, Vito craignait que le San Paolo,ne soit touché, auquel cas, beaucoup de régions auraient souffert de cette rupture .

Nous avons prévu de visiter le lajedo de Paï Matéus , formation rocheuse d’un grand plateau granitique, pour imager, on voit que la roche s’effrite par couche, ce qui est dû à la différence de chaleur entre le jour et la nuit. Nous nous y rendons  par une piste jusqu’à la pousada du propriétaire.Il y a de l’eau aussi beaucoup d’oiseaux, ainsi que des sapajous y viennent s’alimenter.

Nous faisons la connaissance d’un guide qui nous fait visiter les sites qui sont privés. Les plateaux des différents sites sont  parsemés de grosses pierres de formes différentes, avec, sur quelques-unes des peintures rupestres.

Vito réussi a avoir les coordonnées du lajedo de Salambia que nous visiterons en fin d’après-midi : accueil chaleureux par une jeune dame charmante qui connaît bien le lajédo , nous fait visiter la ferme, ayant une grande connaissance, des plantes., arbres. Ces lajedos appartiennent à des propriétaires privés. Dans ce lajedo, il y a déjà des ballades à bicyclette, des balades à chevaux. Nous ne pourrons y dormir, car il faut l’accord du propriétaire qui est injoignable.

Nous retournons à Cabaceiras, où nous a accueillis, la veille, Sandra, une amie à Vito. Elle nous prête sa chambre, Vito dort dans un hamac. La maison est l’arche de Noé avec les protégés de Sandra. Le soir, il y a des hamacs partout, des matelas par terre. Tout cela sans beaucoup d’eau, car c’est limité et nous qui débarquons sans prévenir…

Le lendemain nous finissons notre tournée des lajedos par celui de Marinho, qui paraît plus petit,  alors que  seule une petite partie est visitée. Bien entendu, tout tourne autour de l’eau, il y a une retenue pour les cultures, avec un système de récupération et un bassin pour l’eau du service d’eau. Au fur et à mesure de la visite, nous découvrons que les formations rocheuses, les peintures rupestres sont aussi importantes qu’ailleurs. Nous discutons avec le responsable du lajedo, qui nous demande, des suggestions pour valoriser le site. Nous lui parlons aussitôt de frustration des visites guidées, et notre envie de marcher, sur des chemins balisés, où nous pourrions découvrir tout ce qu’on n’a pas pu voir, car trop loin, d’après lui, comme dans d’autres pays où nous avons pu le faire, lui parlant des signes internationaux, des chemins de randonnée.

Nous nous apprêtons à visiter une loja de Rede ( hamac), mais arrivés au parking, nous sommes invités par le propriétaire, à boire un verre… Il faut dire qu’ à Cabaceiras, comme ici, nous sommes l’attraction. Des Français, yeux bleus et cheveux gris..

L’accueil fut chaleureux et très arrosé. Finalement, comme toujours, nous sommes reçus comme des rois, et nous goûtons du bode : viande de bouc et de chèvre, surprise, cette viande n’a pas le goût fort de chez nous. Ils nous expliquent que ce serait parce que le bouc reproducteur est mis à l’écart, après qu’il a fait son métier., tout au long de l’après-midi, ils nous offrent différentes préparations de ce bode. On ne sait pas toujours ce que c’est, il sourit souvent en nous demandons si c’est bon, mais ils mangent aussi.alors… en tous les cas c’est très bon. Le verre est toujours plein. JM essaie de les tromper en buvant lentement, mais s’ils s’aperçoivent que le verre reste plein trop longtemps, donc pas frais, il le jette et le remplisse à nouveau, alors mes 2 compagnons boivent. Comme j’ai demandé de l’eau, c’est inconcevable , et un des amis de Sao Paulo, prépare une caïpirinha : sucre+ citron vert+ hortela + cachaça. Super bon. Comme dit JM, la bière doit être peu alcoolisée..

je ne sais pas, mais je trouve ….mais nous finissons par arriver chez Raphaël à Gurinhém près de Campina Grande qui nous héberge pour la nuit.

Quinze jours plus tard, nous passerons le week-end à Mamanguape, louant un bungalow, les pieds dans le sable . Le lendemain matin, nous partons dans l’espoir de voir des Pexe boi (lamentins), dans l’estuaire du rio Mamanguape, dans une embarcation avec un guide. Un premier arrêt sur la barrière rocheuse qui ceint l’entrée du Rio où nous apercevons quelques tortues puis nous allons au village en face. Nous apprenons que les lamentins n’ont pas apparus aujourd’hui. Nous allons ensuite à la réserve indienne ou nous trouvons le village et un restaurant, Hum … des frites de manioc, du poisson, du riz et des légumes variés. Ensuite nous rentrons en inspectant le rio pour voir ces gentils lamentins, mais ils n’étaient pas au rendez-vous. . Le ciel était orageux, mais nous nous sommes baignés avant le déluge.

En route vers la Serra Capivara, Brésil.

Le parc est situé à un peu plus de 1000 km à l’Ouest de Joao Pessoa, aussi nous avons l’intention de nous y rendre par étape, à l’aller comme au retour en faisant un peu de tourisme pendant 2 semaines.

Vito vient nous prendre à l’appartement et en route pour l’état de Piaui , région semi aride.avec une végétation typique à ce climat. On dirait que les arbres sont morts. Cela fait 7 ans qu’il n’a pas  beaucoup plu. Nous passons au-dessus de nombreux fleuves, quelques-uns ont un filet d’eau, mais la plupart sont secs.

Nous logeons dans des pousadas, de standing varié. Vito négocie toujours les prix. Est-ce- l’habitude ici ? La première à Monteiro, dernière ville avant L’état de Pernambouc.

Le lendemain, nous roulons jusqu’ à Santa Maria de Boa vista, le long du fleuve Sao Francisco, le fleuve le plus important pour l’approvisionnement de l’eau dans beaucoup d’états, petit centre historique bien mal en point, à part l’église et quelques bâtiments rénovés. Nous devions visiter une entreprise vinicole, mais il fallait prévenir de notre passage.

Tôt le matin nous reprenons la route, qui se transforme en piste avant d’arriver à Sao Raimundo. Il a plu et malgré les trous d’eau, les creux et les bosses, nous croisons des voitures, des motos, des camions, un car de tourisme.

La Caatinga (nom de la région semi-aride) est verte, il fait plus frais. La pluie tombe de temps à autre, tout le monde est content.

Après le petit déjeuner copieux,nous allons visiter le musée de l’homme américain. Ce musée retrace les recherches effectuées en s’appuyant sur les découvertes locales. Il commence par la présentation vidéo des peintures rupestres et retrace ensuite les différentes trouvailles sur les chantiers de fouilles. Nous avons la chance, à la sortie, d’être reçus par Madame Niedes Guedon, archéologue franco-brésilienne, dame très modeste, très respectée des habitants du parc de la sierra Capivara, à l’origine des premières découvertes et de la création du parc et qui a passé sa vie à le faire vivre et évoluer.

Elle nous raconte des moments importants de sa vie, sa rencontre avec un habitant de Petrolina qui lui a montré une photo de peintures rupestres de la Serra da Capivara et a déclenché ses recherches sur le site.

Elle a fait des études d’archéologie en France et c’est avec un groupe d’étudiants qu’elle revient au Brésil faire des fouilles. A son retour, elle fait dater des échantillons de leurs fouilles qui sont datées à moins 27 000 ans. Elle pense qu’il y a une erreur, car les connaissances du moment faisaient remonter l’homme américain à moins 9500 ans, lors de la dernière glaciation, par un passage par le détroit du Béring. C’est pourtant confirmé. Il faut donc revoir toute l’histoire. Elle est alors « prêtée » par le gouvernement français pour poursuivre les recherches.

Actuellement 1358 sites de peintures rupestres sont recensés dans cette région du Brésil, ce qui en fait le plus grand site mondial.

Le parc de la Serra da Capivara a une surface de 129140 ha. Nous commençons la visite des sites de peintures rupestres, par la Serra do Confusoes, nous rencontrons un guide à Caracole, où nous trouvons une pousada au centre-ville.

Nous partons avec le fils de ce guide en voiture pour voir les sites de peintures rupestres, la piste est mauvaise, celle-ci a été budgétée pour être refaite, mais aucun travaux à ce jour !!! Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? Comme il a beaucoup plu, la route est très accidentée , une pluie sur un sol très sec, cela ne fait pas bon ménage. De plus, par temps sec, il y a un rallye sur cette piste, et je rappelle, un Brésilien au volant d’une voiture… Normalement le parc devrait être inhabité, mais il faudrait indemniser les gens. Alors il reste encore quelques familles. La piste se situe souvent dans le lit d’un cours d’eau, et comme nous sommes en période de pluie ! Mais ici, la pluie c’est le bonheur pour les habitants ; le soir, inévitable coucher de soleil. Un rite très prisé des Brésiliens. Raté.

Le lendemain, nous partons avec le père, pour visiter 2 sites, dans le parc, le premier pour voir les rochers sédimentaires très érodés et arrondis à leur sommet de la Serra do confusoes. Le deuxième nous amène à pied visiter la gruta do Boi (grotte du bœuf) énorme faille d’une centaine de mètres de hauteur et de plus d’un km de long, beau, très beau. Cette sierra n’est pas très exploitée par manque de budget. Il n’y a pas à dire, sans accès, difficile de répertorier les peintures rupestres.

Nous partons donc le lendemain, pour la Serra da Capivara. Un guide contacté par Vito nous attend. Il faut dire que tout est très réglementé, difficile de faire une promenade sans lui.

L’après-midi nous visitons le musée de la nature, qui explique les origines de la vie et les recherches sur le passé géologique, de la faune et de la flore, des habitants plus particulièrement de la Serra da Capivara. Il comporte des explications pédagogiques à l’aide de panneaux, montages vidéos, fossiles, squelettes d’animaux…

Cela nous choque un peu, car ici comme ailleurs, les gens qui visitent le musée sont plus préoccupés de se prendre en photo en selfie avec leur portable que de s’informer sur les origines et l’histoire de la vie ; sommes-nous des dinosaures ?

Notre guide nous fait visiter la sierra branca, vermelha, plusieurs circuits de la sierra da capivara pendant 4 jours.

Nous avons vu beaucoup de peintures rupestres, répertoriées en tradition Nordestre, agreste et géomètre suivant leur style et leur ancienneté de 7000 à 16000 ans. Les dessins ont été réalisés dans des tocas, sortes de creux à la base des falaises, sur la roche où même des sédiments, avec une peinture faite de roches concassées la plupart du temps de couleur ocre, mais il y en a aussi en bleu, blanc, jaune. Notre guide, Carlos, a participé à beaucoup de fouilles et de ce fait, connaît très bien les sites et nous raconte beaucoup d’anecdotes sur les différents chantiers concernant les dessins, leurs interprétations possibles, les fouilles. Les tocas sont souvent aménagés par des échafaudages en bois pour permettre leur visite et des travaux de conservation sont réalisés : gouttières, ciment des joints, grille de protection des déchets des Mocos pour les maintenir en l’état.

Certains dessins sont relativement faciles à comprendre, mais d’autres, comme disait Mme GUEDON gardent leur mystère. On trouve beaucoup de dessins d’animaux, et de scènes de la vie humaine : danses, chasses, accouchement, scènes sexuelles… Ci-dessous, un petit aperçu.

Tout cela se fera sous un beau temps, sans pluie, mais avec une Caatinga, verte, fleurie car il a plu les jours précédents.  Les paysages sont grandioses. Pour moi, qui aime regarder la nature, la flore, la faune, c’était un peu vite et nous avons fait beaucoup de voiture, de site en site, pour les visites. Notre guide est aussi un amoureux de sa région et nous fait visiter de magnifiques sites de la Serra qui évoquent aussi bien la période préhistorique que le passé plus récents.

 

La pousada de Céramica est bien, un accueil correct, sans plus, il y a bien d’autres pousadas, notamment dans le village des travailleurs du parc, que nous a fait traverser, plusieurs fois notre guide, sans doute plus abordables, il y a également un camping, dans ce même village.

Nous quittons la Serra Capivara pour Oeiras, jolie petite ville, avec de nombreuses églises. La pousada do Cônego, où nous logeons est très belle, bien décorée, au centre ville historique, raisonnable en prix, très bien reçus, et pour une fois, les prix sont indiqués à la réception. Nous visitons le musée d’art sacré. Un des guides nous dit que tout ce qui est exposé sert encore pour la semaine sainte. L’autre, qui est prof, nous accompagne pour visiter deux autres musées qui sont très intéressants. Mais, c’est toujours pareil, pas d’office du tourisme, il faut tomber sur la bonne personne. Il nous montre une rue, où les maisons sont restaurées dans la tradition, nous expliquant que toutes les maisons de la rue appartiennent à la même famille. Forcément, il y avait un problème de consanguinité, car ils se mariaient entre eux. Dans cette ville, on dit : on est soit poète, soit musicien, soit fou..

Vito tenait à nous faire visiter Assaré, sur le chemin du retour,  la ville du très célèbre poète Patativa. On se renseigne, il semble que le musée soit fermé le lundi. Or, la fille de notre Logeuse est étonnée. Comme d’habitude, elle va se mettre en quatre, pour qu’on puisse le visiter. Notre homme de contact est VAVA. Nous le rencontrons le lendemain matin, au secrétariat de la culture qui va nous déléguer un jeune homme : Renan. Il nous accompagnera dans toutes nos visites et d’abord au musée, où nous retrouvons la petite fille du poète, son petit fils. Ce poète-musicien était autodidacte. Les mauvaises langues disaient qu’il était illettré, mais si effectivement, il a arrêté l’école tôt, pour travailler la terre, il a continué à s’instruire tout au long de sa vie.

Comme nous l’avons déjà dit, les Brésiliens sont très attachés à leur culture et Assaré n’y manque pas. Renan nous accompagne au marché, où nous rencontrons plusieurs figures de la ville. Une cuisinière, un horloger, un travailleur du cuir. Ces personnes sont aussi souvent poètes. Si le travail de ces artisans est considéré abouti, ils sont élevés au rang de Maîtres. Il y a de la graine à prendre dans l’éducation officielle de la France…. Je souligne que Jean Michel, du fait de son ex-métier, professeur, n’a jamais été aussi respecté pendant ses 30 ans d’enseignement en France, qu’au Brésil… Paradoxe.

L’après-midi, Renan nous amène à la maison native de Patativa, où nous rencontrons et sommes reçus avec simplicité et chaleur par sa sœur et son beau frère, qui devrait devenir un musée de l’agriculture, profession du poète. Nous n’oublions pas les nombreux recueils de poèmes offerts par le petit fils de Patativa, appelé Cordels, moyen simple et écrit de diffuser la culture sur des petits carnets. Ces cordels très utilisés par le passé pouvaient traiter tous les sujets : poésie, histoire, musique …

Nous quittons Assaré, pour reprendre la B.R230, route qui part de Cabedelo sur la côte et traverse l’Amazonie., oui, B.R., mais là,  c’est une piste rouge, en terre, avec des trous, des bosses, heureusement que Vito a une Jeep. Nous traversons des terres agricoles ( papaye, manioc, etc…) on demande confirmation de notre chemin à une dame, qui nous dit : la route n’est pas très bonne, mais on passe. Tout est possible !! Les gens sont très gentils, nous indiquent la bonne direction, car, les panneaux sont rares.

On quitte la transamazonienne pour la reprendre peu de temps après, pour gagner Catolé das Rochas. Ce soir, nous allons voir, devinez quoi ? Le coucher du soleil, très moyen encore une fois…

Nous reprenons la route, pour arriver à Juazeiro de Norte . Nous devons loger chez un ami de Vito, zut, il a prêté sa maison à un jeune couple. Nous finissons chez la sœur du copain, qui tient une pousada. Nous sommes reçus très chaleureusement  par toute la famille, leur fille a appris l’anglais aussi nous dialoguons avec elle.

Joao Pessoa approche, mais nous nous arrêterons à Areia, belle petite ville, qui a su garder l’architecture de ses vieilles maisons. Nous logeons dans un collège où nous croisons dans les couloirs les élèves.

Nous visitons le théâtre, le Monsieur qui nous le fait visiter est préoccupé par les dires des dirigeants actuels, sur la culture, il cite Victor Hugo qui disait : Une maison tu l’as faite pour toi, mais sa beauté c’est pour tout le monde…

Nous visitons aussi, le musée du peintre Pedro Américano, qui a fait des peintures mémorisant l’histoire du Brésil, sans oublier le musée du Rapadura, avec un guide très intéressant, nous racontant les petites histoires, liées, à ce banc, cette table, les belles esclaves qui finissaient dans le hamac du maître, les dessus de lit fait par les femmes, pour leur trousseau qui s’appelle Fouxico (signifiant bla-bla-bla), nous montrant une reproduction miniature d’un alambic, nous disant, ici, en prison, ils font leur alcool avec ce qui leur tombe sous la main. La ville a été très riche et la tenait du sisal, de la canne à sucre, du café qui a disparu après une maladie.

Nous avons visité l’usine de rapadura (sucre de canne) qui traite la canne à sucre, avec les vieux outils, la presse que poussait les esclaves pour extraire le jus qui arrivait dans des cuves, mises sur feu, pour bouillir, on retirait les impuretés et suivant le temps de cuisson, on obtenait , le mel de engenho, le rapadura, mou, plus cuit encore, le rapadura dur qui était moulé.

Vito voulait nous faire visiter une engenho de Cachaça, et notre guide, nous conseille celle de Matuta, plus artisanale. Nous suivons son conseil. Lors de notre visite, en pré-carnaval, les ouvriers étant en congé, l’usine subissait une « toilette » soudure, graissage etc…Cette année, elle sera totalement  autonome ( panneaux solaire) ils le sont déjà en ce qui concerne l’eau ( puits)) artésien) qui est purifiée par eux, et la canne.

Cachaça ou Rhum ?

Ici, les Brésiliens disent, la cachaça, cela n’a rien à voir avec le rhum. Aux Antilles françaises, forcément, la même chose.

A Matuta, j’ai demandé le processus de la fabrication de la cachaça. On coupe la canne, lorsqu’elle a 6 mois de pousse. Elle arrive sur un tapis, passe par une presse pour extraire le jus, est mise en cuve pour une fermentation de 24 heures. On pèse sa densité, puis le jus est chauffé dans de beaux alambics en cuivre, refroidi. On obtient sur 1000 litres 100 litres de Cabeça ( tête) Coracao (cœur) 500 litres et Calda ( ) 400 litres. Notre guide m’a dit qu’il n’utilisait que le cœur, avec la finesse de récupérer le meilleur….

Jusqu’à cette phase, à la rhumerie JM en Martinique, que nous avons visitée, en période de fabrication, le processus est le même. Après, secret. Rhum ou Cachaça ?

Nous finirons ce voyage par Campina Grande, grande ville universitaire, en plein milieu semi-aride. C’est très étonnant, cette ville qui pousse au milieu de nulle part pour nous européens.  Nous y visiterons un autre musée d’art populaire de Paraïba avec une salle consacrée à la musique, une autre, à l’artisanat, une troisième à l’art littéraire.

Nous approchons ensuite de Joao Pessoa et  de la période du carnaval qui a déjà commencé mais doit battre son plein le prochain week-end. Nous l’avions raté lors de notre premier passage brésilien et nous comptons nous rattraper cette fois. Il fera l’objet de notre prochaine publication.