Archives mensuelles : juillet 2016

Les Antilles

 

Après quelques mois d’interruptions, nous sommes actuellement et depuis 5 mois en Guadeloupe. Le bateau est sagement amarré à la marina de rivière Sens, près de Basse-terre et nos navigations se limitent à Pointe à Pitre pour le carénage, et les admirables îles des Saintes. Pourquoi cet arrêt ? Et bien Monsieur a dû se faire opérer d’une double hernie inguinale, rien de grave mais qui pourrait l’être lors d’une grande traversée. Cela nous a pris 3 mois, 1 mois de pré opération (toubib, radio, analyse de sang …) et 2 mois de convalescence. Ensuite ce fut le tour de Madame, quelques vertiges au matin et la suite de contrôles et d’analyses négatifs. Nous avons aussi appris que Madame avait été « zikatée », on s’en doutait sans certitudes tellement les symptômes ont été discrets, petite fièvre, quelques boutons et douleurs articulaires pendant 2 à 3 jours. Et puis l’île est tellement belle, la plage à toucher la marina, de belles marches comme on les aime dans la « montagne » et actuellement je tape le blog dans une petite villa avec piscine, prêtée par des amis absents pendant une quinzaine de jours, avec en toile de fond la mer ou plutôt le canal des Saintes strié de petites déferlantes et les Saintes posées sur la mer comme des bateaux à l’ancre, la vie de marin n’est pas toujours dure. Mais revenons à nos moutons, début Décembre dernier nous quittions la Guyane depuis St Laurent du Maroni.

maroni, crique Coswine       

                                                     Avant le départ sur la crique Coswine

Voilà c’est décidé, nous partons le jeudi 10 décembre de St Laurent du Maroni. 6 heures de descente du fleuve, mais nous nous arrêterons à la crique Coswine à mi chemin, et mouillons par 6 mètres de fond, au milieu de la rivière. Bain, préparation du bateau pour la petite traversée Guyane- Tobago, un peu plus de 500 milles. La nuit tombe vite en Guyane, rapidement noz dal (nuit noire) nous traînons , écoutant les bruits de la forêt, devant un petit verre de rosé bien frais. Ah le bonheur d’un frigo tant attendu ! Tout à coup, je dis «  tiens un bateau arrive, gonflé quand même « .

Oh avec les cartes numériques, maintenant me dit JM, pas de problème..puis, mais c’est drôle, un autre bateau, puis un autre, soudain, une idée légumineuse , comme dirait Lucien Gourronc lui vient: On chasse met le sondeur en marche: 12 mètres, on chasse!, nos bateaux étaient en fait les lumières du Surinam cachées au départ par le coude de la rivière. Bonne blague, on culait bien. C’est vrai qu’il y a un fort courant. On remouille plus près du bord.

crique coswine

Le lendemain, nous terminons la descente à 5 nœuds et sortons du Maroni à 11 h 30, vent faible mais portant. Au départ nous croisons beaucoup de petits bateaux de pêche Surinamiens dans des fonds de 10 à 50 mètres et avons hâte de retrouver les fonds de 100 m. parce que la nuit, ces bateaux ont des feux très variés souvent clignotants de diverses couleurs où des lampes torches où carrément éteints, bref un autre monde. Le vent reste faible et à ce rythme là, me dit le Captain, on va mettre 8 jours, puis le vent, les grains arrivent et on avance de nouveau bien.

 

Nous apercevons Tobago le mercredi 16/12, vers 16 heures. Les nuages gris semblent s’accrocher sur les hauteurs de l’île, Nous arriverons de nuit, on ne va pas dire que nous aimons cela, mais la lune est pleine. On préfère. JM s’affaire sur l’IPAD, eh oui, ce n’est plus la table à carte. Il y a un phare sur les îles du Nord que nous devons contourner, un autre à l’entrée de la baie de Charlotteville. La nuit tombe et toujours pas de phare, de plus le sondeur n’indique pas la même profondeur que sur la carte, 100 mètres sondés au lieu des 200 mètres sur la carte, JM sort l’ordinateur, même problème avec d’autres cartes nautiques. Le captain n’aime pas cela, il faut faire confiance au sondeur. Nous débordons largement Marble et St Giles island dans une mer formée puis après North point trouvons un peu de tranquillité à l’entrée de la baie

Vers 21 heures, on mouille  devant Charlotteville par 18-20 mètres de fond, devant une rangée de gros projecteurs qui, nous l’apprendrons ensuite, éclairait le stade de foot local, sans avoir vu de phares et le sondeur était bon. Nous notons pas mal d’erreur sur les cartes Inavix.

C’est bien sympathique ce petit roulis après une petite traversée où ça roule toujours. Torpen va faire un tour sur le pont, revient avec un poisson volant. Elle est pas belle la vie? Cela change de l’ordinaire, car les croquettes brésiliennes, bof! Nous fait-il comprendre, c’est pas cela.

A travers les vitres du dock house, nous admirons cette baie de nuit, avec des lumières ici et là sur les hauteurs. Le matin nous découvrons une baie splendide avec des hauteurs de 300 mètres, plongeant dans la mer, très boisées et c’est vert: il doit pleuvoir. Serions nous à la saison des pluies? Les maisons sont très colorées, coquettes, de belles petites barques de pêche sortent vers l’entrée de la baie. J’en compte bien une cinquantaine au mouillage. Cela change de la Guyane, les habitants de Charlotteville sont tournés vers la mer.

Ce n’est pas le tout, mais il faut faire les papiers. Nous nous heurtons à un bureau fermé. Une dame nous dit, je ne sais pas quand ce sera ouvert, dans une heure peut être ? Nous partons faire un tour du village, la banque ne lit pas notre carte bancaire. Nous trouvons le marché aux poissons, mais sans Titis(monnaie locale) nous regardons. Nous retournons voir l’immigration et la douane: nobody. On reviendra cet après midi. L’espoir fait vivre, sans trop y croire. Après un bain rafraîchissant, il fait 28 °, cela se sent, surtout la nuit, plus facile de dormir qu’en Guyane, nous sommes reçus par une dame à l’immigration. Comme le bureau de la douane est fermé, elle appelle le douanier. Ils parlent anglais, c’est plus facile pour nous.

Le douanier arrive, nous souhaite la bienvenue, c’est 44 dollars: Vous pouvez payer en Dollars US, car le distributeur ne fonctionne pas, et si vous voulez je peux changer vos dollars en Titis. Original certes, mais nous prenons. Nous remercions. Il nous dit, attendez, je vais vous montrer ce qu’il y a à voir ici. De mieux en mieux. Un douanier, office du tourisme et distributeur de Titis c’est pas mal.

En face de son bureau, le cimetière ( oui je sais les enfants) comme nous les aimons, de simples butes herbeuses, sur une pelouse à flanc de colline avec de grands cœurs en fer, le nom, la date de naissance, celui du décès: un arbuste sur l’une, sur l’autre, une canne à pêche, plus bas le long du port 2 ou 3 petites épiceries assez peu achalandées, et quelques bars et restaurants.

Pélikans et fous de bassan pêchent dans la baie.

Sur les conseils du douanier, nous profitons du soleil entre deux grains pour faire une ballade sur les hauteurs de la petite ville. Très pentues, la vue est magnifique. De là haut, nous voyons les îles sur lesquelles nous avons atterri. Nous ne voyons pas de phare, encore une erreur sur la carte. Nous revenons au village, les Gallinacés sont en liberté.

Pas d’Opela au mouillage, un mail de Kévin, son sympathique capitaine nous informe que les festivités de fin d’année auront lieu à Grenade.

Nous voilà le 21 /12, Noël arrive et nous devons retrouver la flottille de langue anglaise, rencontrée au Brésil. Nous partons de nuit. Mr Grib a pour une fois raison, le vent est là, les grains aussi. Nous faisons la veille tous les deux car il y a des cargos et surtout des bateaux de pêche. Leur signalement est bizarre. Nous arrivons vers 12 heures le lendemain en vue de Grenade, et un grain se profile. JM râle car le chenal d’entrée est entre les pâtés de coraux. On ne trouve pas les bouées d’atterrissage, et pour cause, il n’y en a pas. Encore une erreur sur la carte. Je scrute et j’aperçois les bouées du chenal, toutes petites, il faut vraiment arriver dessus pour voir le chenal, nous sommes de jour et au portant.

Nous entrons et mouillons à côté d’Opela. Une fois dans la baie de Mount Artman bay, nous sommes bien à l’abri de la houle, bien que sur la côte au vent.

Depuis les Canaries, notre source de renseignements dont nous avons besoin (cartes routières, ravitaillement, gazoil, bus etc..) n’est pas un office de tourisme, mais le bouche à oreille. Mais si Kévin, le sud africain est dans le mouillage, c’est lui notre homme. Il sait tout . Nous allons le saluer. Il nous donne une carte, nous dit qu’il y a un minibus qui nous amène chez le shipchlander, un autre au super marché, une dame vient le mercredi avec des produits fermiers. A la marina avec chaque boisson on a un ticket pour 8 heures de Wifi, de 18 h à 18 h 30, la bière est moins chère. Douche, laverie, eau, moyennant finance. La marina nous offre ses services. Tous les bateaux s’arrêtent au sien, une vrai source d’information.

Nous fêterons les fêtes de fin d’année avec de nombreux équipages connus et inconnus. Barbecue, salade, bien arrosé de bières. C’est la boisson internationale. Je ne passe pas inaperçue car je suis la seule à ne pas en boire. Je ne rechigne pas sur le vin sud africain de Kévin.

La saison des pluies est toujours là, mais pour le tour de l’île organisé par Romy (Sud africaine) il fait beau. Nous visiterons un jardin d’épices et d’herbes. Nous verrons le Téobroma cacao, avec lequel on fait le chocolat, la liane qui donne la vanille, l’arbre dont l’écorce produit la cannelle. Nous découvrirons d’autres fruits que nous apprécierons moyennement. Le chauffeur nous arrête pour visiter une rhumerie, la troisième que nous visitons, très différente des 2 autres. Nous ne pouvons acheter que du rhum-chocolat, ce qui fait douter le bateau autrichien de la production de rhum.

Nous finissons notre périple par la visite d’une chute impressionnante. Les habitants sont cordiaux, vivent du tourisme, un peu de pêche, mais l’île est peu peuplée. Par contre, les Etats Uniens sont là avec leurs maisons énormes et leurs dollars.

Nous continuons à remonter vers Cariacou, petite île qui fait partie de Grenade. Nous y ferons notre sortie.

Petite île à échelle humaine, jolies baies, mer bleue à 26 °, randonnées à travers la montagne. Nous rencontrons beaucoup de chèvres en liberté ainsi que les gallinacés. Ce doit être une habitude aux Antilles et sur une douzaine d’oeufs, la moitié est à jeter… Par contre, il y a beaucoup de poussins…Dans les îles anciennement anglaises, on trouve peu de chose en approvisionnement, mais il y a du vrai pain. Cela faisait longtemps. Les pêcheurs viennent nous proposer langoustes et poissons au mouillage, pour un prix modique. Du pain-beurre avec une langouste et un petit vin blanc du chili (très cher, par contre) un vrai régal.

Coucher de soleil sur Tyrrel bay

Nous retenons une place pour début mars au chantier, des retouches des œuvres vives ( sous la flottaison), mais Youen et Emerik arrivent le 31 janvier, il faut remonter.

Mouillage de Tyrrel bay

Le 15/12, nous partons de nuit vers 1 H 3O pour arriver à Fort de France, le 16 janvier . Même chanson antillaise, vent, grains, calme, puis vent.

L’ancre, attachée à l’avant menace de décrocher dans une mer formée. Je file à l’avant car je ne veux pas que JM fasse trop d’effort, une hernie inguinale se pointe, mais au près c’est difficile, elle est lourde la vilaine, mais je ne lâcherai pas. Je demande à JM de mettre sous pilote et de venir à l’avant avec un bout. Ma voix devait être ferme car il arrive rapidement. Je suis un peu blessée à la main, mais j’ai récupéré l’ancre. Un ou deux stéristrips et l’affaire est classée.

Nous mouillons au pied du fort St Louis à Fort de france. Comme d’hab, nous devons allons faire les papiers d’entrée. Il semblerait que ce soit chez le shipchlander… Pourtant deux français nous ont dit que la France c’est casse pied pour les formalités, les autorités nous embêtent tout le temps, nous n’y allons plus. Bon, nous allons voir.

Antilles : Mouillage de Fort de France

Mouillage de Fort de France

Antilles : Voilier paquebot au départ

Voilier paquebot au départ

Pas trop hardis, nous rentrons dans la boutique et demandons d’une voix hésitante: c’est pour les papiers d’entrée s’il vous plaît . Une gentille jeune fille nous dit: Pas de problème, l’ordinateur est là, vous remplissez, et je signe. Ce soir je dépose le double à la Douane. Nous sommes «baba» Pour être simple, c’est même extra simple. Idem pour la sortie. Mike et Sheila que nous rencontrerons aux Saintes, trouvent aussi que pour le coup, les îles françaises c’est cool les formalités.

Quels sont les Bretons qui ne voulaient s’arrêter qu’Aux Saintes, vu l’accueil reçu en l982. Là encore, nous sommes agréablement surpris de l’accueil des Antillais. Dans les administrations, au marché, dans les supermarchés, boutiques, lors de nos randonnées. Cela nous réconcilie avec les Antilles Françaises.

Bien entendu, comme chez nous il fallait bien des originaux, ce sera les employés de S.F.R. Nous voulions acheter une carte sim pour internet, afin de l’avoir du bateau, comme en Guyane, ici, aucun employé n’a réussi à la faire fonctionner. 20 € pour rien. Merçi SFR.

L’escale en Martinique sera courte, car il nous faut monter en Guadeloupe. Nous nous arrêterons malgré tout à St Pierre, ancien grand port qui échangeait avec Haïti et dispatchait les marchandises dans toutes les Antilles et vers la métropole. C’est l’époque du carnaval et un défilé très coloré vient égayer la ville. En 1902, l’éruption de la montagne Pelée fera 3O OOO morts et détruit St Pierre en quelques minutes. Cœur du monde créole, Fort de France devient la seule capitale économique et administrative de l’île.

Prochaine étape la Guadeloupe